Nous aimons tous regarder la mer, mais et si la mer nous regardait en retour? Leviathan, l’impressionnant film des cinéastes et anthropologues Véréna Paravel et Lucien Castaing-Taylor, inverse radicalement la perspective et nous fait vivre ce que c’est d’être la mer.

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LEVIATHAN
VERENA PARAVEL & LUCIEN CASTAING-TAYLOR — US, 2012 – video – 97’

01/03 20:00 KAAP Ostende

Leviathan commence in medias res, sur le pont d’un chalutier qui laboure à travers une mer sombre et sans nom aux premières lueurs de l’aube. Vêtus de combinaisons en couleurs primaires, l’équipage s’active, tirant sur des cordes pour remonter une cargaison. Qui sont ces hommes ? Depuis combien de temps sont-ils en mer ? Que font-ils exactement et comment s’y prennent-ils exactement ?

Ce film se trouve être un documentaire, mais c’est l’opposé absolu d’un exposé d’informations arides : battu par les vagues du début à la fin, l’objectif est souvent orné de perles d’eau de mer, Leviathan n’est en aucun cas un film ‘sec’ au sens du terme.

Il n’y a pas de narration explicative, et la seule musique est diégétique, des extraits de heavy metal dont le roulement de la double grosse caisse semble être la bande sonore la plus appropriée à la mission en cours. Le générique de fin précisera enfin que nous étions au large de New Bedford, Massachusetts – dans les eaux où le Pequod de Melville a poursuivi Moby Dick. Pour le reste, nous sommes laissés à nous-mêmes, à prendre nos propres jambes de mer.

Leviathan choisit une approche immersive – ou plutôt submersible. On dirait que l’on nous a remis une paire de cuissardes, propulsés sur le pont qui tangue et roule, et on nous a dit de nous mettre au travail nous-mêmes.

Le film est à la fois d’une brutalité physique et apparemment sans poids. Cette légèreté est attribuable à l’utilisation de la caméra GoPro par Castaing-Taylor et Paravel, un modèle étanche prêt à l’emploi qui a d’abord gagné en popularité auprès des surfeurs et des amateurs de sports extrêmes pour sa durabilité légère.

Par moments, la GoPro est utilisée pour pénétrer et explorer, élevant le moindre incident au rang du mythique. Ailleurs, l’imagerie est simplement, franchement majestueuse. Castaing-Taylor et Paravel ont laissé à la caméra une liberté totale de mouvement de tous les côtés du navire, pour voguer de l’avant à l’arrière entre l’eau et le ciel, tous deux regorgeant de vie. Ces nuées noires avec leurs ailes battantes! Waouh, la mer est pleine d’étoiles de mer! L’idée n’est pas de vous montrer un mode de vie, mais de vous montrer comment ce mode de vie pourrait se ressentir.

Le film est une étude vertigineuse de la relation humaine avec la mer et un portrait cosmique de la place de l’humanité au bord de la nature sauvage. Leviathan est ethnographique – Véréna Paravel et Lucien Castaing-Taylor sont des cinéastes, artistes et anthropologues travaillant au Sensory Ethnography Lab de l’Université Harvard – mais surtout, c’est un cinéma éblouissant, et la preuve qu’il y a plus de choses dans le ciel et la mer que l’on peut imaginer, qu’il y a de nouvelles images qui attendent d’être découvertes.

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Les donations sont déductibles d’impôt à partir de 40€.
Une donation de 100€ ne vous coûtera que 55€.

Coordination artistique: Anouk De Clercq, Godart Bakkers
Coördination générale: Ditte Claus
Team artistique: Eric de Kuyper, Xavier Garcia Bardon
Team production: Bob Mees, Jef Declercq, Johan Opstaele, Noah Heylen
Communication: Cynthia Vandenbruaene
Graphisme: Michaël Bussaer. Webdesign: Dominique Callewaert.

Avec le soutien de Auguste Orts, CINEMATEK, KAAP, KASK School of Arts Gent, Onderzoeksfonds Universiteit Gent, Vlaams Audiovisueel Fonds.

Aujourd’hui, parcourant les rues d’Ostende, le promeneur découvre un éclectisme fantastique: un bloc d’ appartements brutal et gris se trouve à côté du glorieux Thermae Palace. Le bâtiment majestueux, presque stalinien du De Grote Post, domine l’avenue Hendrix Serruys. Un ancien grand magasin héberge un musée d’art moderne. Des maisons belle époque se cachent dans des rues tranquilles.

C’est en 2017 que l’artiste Anouk De Clercq est frappée par un grand vide à Ostende. Ses rues ne rappellent en plus rien la glorieuse culture cinématographique de Henri Storck, James Ensor ou de Raoul Servais. La fermeture du cinéma Rialto signifia la disparition de la dernière salle de cinéma indépendante dans le circuit cinématographique d’Ostende. Avec un décor aussi extraordinaire, avec la Mer du Nord comme écran de projection pour des images, des histoires, c’était une perte, laissant un grand vide.

Et murit donc l’idée de Monokino: une salle, respirant ce même éclectisme, où le cinéma pourrait retrouver ses origines. Une salle ouverte aux cinéma dans toutes ses facettes: court métrages, long métrages, films d’auteur, classiques, films expérimentaux, art vidéo, animation, laissant la place également aux jeunes cinéastes et leurs premières œuvres. Monokino montre, questionne, réagit, encourage le débat, invite, met en perspective. Monokino est un endroit pour et par les Ostendais, pour les professionnels et les amateurs, pour les jeunes et les moins jeunes, pour ceux et celles d’ici et d’ailleurs.

Monokino veut montrer des films qui ne se manifestent pas uniquement sur l’écran. Ils se promènent également parmi les habitants, les spectateurs, les créateurs. Dans ce sens, Monokino est également “Kopfkino”, un cinéma mental ou les images ont la liberté d’exister et de se propager.

C’est ainsi que Monokino se promène comme un nomade dans les rues éclectiques d’Ostende et prend sa place dans la tête et le cœur des Ostendais. Bientôt elle mettra pied à terre de façon définitive.

Monokino veut pousser le cinéma dans le 21e siècle et mettre l’accent sur son côté aventureux. Nous mettons tout en œuvre pour trouver l’endroit idéal où les cinéphiles d’Ostende et d’ailleurs pourront se retrouver chez Monokino, mais en attendant, Monokino fonctionnera comme un plateforme de cinéma nomade.

La mer, est à nos yeux, le meilleur lieu où projeter des images, des histoires et des récits. En attendant notre prochaine projection, nous rassemblons une liste de films dans lesquels la mer joue un rôle important, qu’il soit principal ou secondaire. Penses-tu à un film qui ne s’y trouve pas encore? Nous serions ravis d’entendre tes suggestions via info@monokino.org.

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